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Question de M. Cédric Perrin (Territoire de Belfort - Les Républicains) publiée le 01/05/2024

Question posée en séance publique le 30/04/2024

M. le président. La parole est à M. Cédric Perrin, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Cédric Perrin. Ma question s'adressait à M. le Premier ministre.

Une nouvelle fois, des propos du Président de la République en matière de défense suscitent la polémique. Nous n'avions pas besoin de cela, surtout en un moment où les tensions géopolitiques sont à leur comble.

Il y a quelques mois, nous débattions ici même du projet de loi de programmation militaire 2024-2030. Dans un contexte marqué par la montée des périls, le Gouvernement écartait les demandes du Sénat de réfléchir au format des armées. Le ministre des armées répétait alors que le problème de la masse de forces conventionnelles ne se posait pas pour nous, puisque nous disposions de la dissuasion nucléaire.

Or voilà qu'au détour d'une interview le Président de la République tient le discours inverse, affirmant qu'il faut « tout mettre sur la table » : le conventionnel, la défense antimissile, les missiles de longue portée - desquels parlait-il exactement ? - et l'arme nucléaire.

La dissuasion, c'est l'assurance vie des Français ; c'est aussi le fruit de leurs impôts depuis soixante-dix ans, depuis que le général de Gaulle a souhaité que la France acquière son indépendance stratégique.

Si le débat mérite certainement d'être ouvert, on ne peut lancer une telle idée dans la presse, sans avoir expliqué au préalable avec qui et comment nous irions vers un tel changement, ni qui paiera et décidera.

Ce sujet ne souffre pas l'improvisation et mérite davantage qu'une petite phrase évasive. Quelles sont les prochaines étapes envisagées par le Gouvernement après ce ballon d'essai ? Que compte-t-il dire à nos partenaires, et avec quels objectifs concrets ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre des armées, chargé des anciens combattants et de la mémoire publiée le 01/05/2024

Réponse apportée en séance publique le 30/04/2024

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée des anciens combattants et de la mémoire.

Mme Patricia Mirallès, secrétaire d'État auprès du ministre des armées, chargée des anciens combattants et de la mémoire. Monsieur le président Perrin, je vous prie de bien vouloir excuser l'absence de Sébastien Lecornu, qui se trouve actuellement auprès de nos forces armées et qui m'a chargé de vous répondre.

Il convient tout d'abord de rappeler deux points essentiels.

En premier lieu, la stratégie nucléaire française a toujours garanti une pleine compatibilité entre l'indépendance de la dissuasion française et la volonté de préserver en toutes circonstances la liberté d'action du Président de la République, d'une part, et l'appartenance européenne, associée à la solidarité inébranlable qui en découle, de l'autre.

En second lieu, notre dissuasion nucléaire s'est vu conférer, depuis la fin de la guerre froide, un rôle européen qui n'est pas limité au seul cadre de l'Union européenne.

Permettez-moi ensuite de répondre à vos interrogations sur les récentes déclarations du Président de la République.

Le contexte impose une réflexion collective sur la stratégie de défense de l'Europe. Or la dissuasion française fait partie de l'équation. Elle est au coeur de la défense de notre pays : elle est donc par essence un élément incontournable de la défense européenne.

Dans un discours prononcé en 2022 à l'École militaire, le Président de la République avait déjà affirmé la dimension européenne de nos intérêts vitaux. Ce lien entre notre dissuasion nucléaire et l'Europe n'est pas nouveau. En 2006, le président Chirac avait déjà fait le constat que la dissuasion française, par sa seule existence, était un élément incontournable de la sécurité du continent. Le président Mitterrand l'avait également énoncé.

En clair, le Président de la République a rappelé que les intérêts vitaux de la France ont une dimension européenne, ce qui n'a rien de nouveau.

La dissuasion nucléaire française est pleinement souveraine. Le Président de la République est le seul à décider de sa mise en oeuvre ; la décision ne sera partagée avec personne. Par sa dissuasion, la France contribue à la crédibilité de la défense de l'Europe. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)

M. le président. La parole est à M. Cédric Perrin, pour la réplique.

M. Cédric Perrin. Je vous remercie de votre réponse, madame la secrétaire d'État, mais ce débat souhaité par le Président de la République est-il vraiment la priorité en ce moment ?

Le problème se pose moins sur le fond que sur la forme. Ne devrions-nous pas commencer par nous préoccuper des difficultés actuelles de nos armées ?

Quarante ans de désindustrialisation nous empêchent aujourd'hui de produire comme nous devrions le faire, la faiblesse de notre production étant due notamment au manque de commandes. Nos armées ont par ailleurs du mal à recruter et souffrent de l'insuffisance de nos moyens, qui, certes, progressent, mais pas aussi vite que les besoins.

Mme Patricia Mirallès, secrétaire d'État. Et le doublement du budget prévu par la loi de programmation militaire ?

M. Cédric Perrin. Madame la secrétaire d'État, tous vos ballons d'essai ne constituent malheureusement pas une stratégie ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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